ICÉDAP

23.09.2025

IA et assurance : jusqu’où remplacer l’expertise ?

Depuis un certain temps, le secteur de l’assurance et de la banque accorde une grande importance dans l’évolution de l’intelligence artificielle. Avec ses promesses de rapidité, d’accessibilité et d’économie de temps, elle capte l’attention des professionnels en quête de solutions novatrices. Mais une question demeure : les réponses fournies par l’IA sont-elles fiables lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles que la réglementation, la conformité ou les pratiques métiers ?

Pour répondre à cette question, nous avons décidé de mettre l’IA à l’épreuve en réalisant cette expérience : confronter ses réponses à notre expertise.

Notre démarche

Cette expérience a pour objectif de vérifier que l’IA est en mesure de répondre avec justesse et précision à une demande d’application dans le secteur de la banque et de l’assurance. Nous avons donc :

posé une question précise à ChatGPT,
analysé les réponses proposées,
confronté ces réponses à nos compétences et expertises.

Le test a été réalisé par Isabelle RICHARD, responsable éditoriale, et référente qualité chez ICÉDAP depuis 17 ans.

Voici la demande qu’on lui a faite :

Tu es étudiant et tu cherches à connaître de manière synthétique la fiscalité de l’assurance-vie en France en cas de rachat en cours de contrat.

N’inventes pas les informations et donnes les sources qui fondent ton raisonnement.

Date de la requête : 29/08/25

Pour répondre à notre demande, l’IA a organisé ses informations en six points afin de répondre de façon ordonnée à tous les aspects du sujet. Analysons maintenant les informations que ChatGPT nous a communiquées, chapitre par chapitre.

1. Principe général

Seuls les gains (intérêts, plus-values) sont imposables lors d’un rachat (partiel ou total), pas le capital versé. L’imposition dépend de la durée de détention du contrat et du régime fiscal choisi (flat tax ou barème progressif de l’IR).

Remarque de notre experte :
La flat tax ne s’applique pas aux primes versées avant le 27/09/2017.

2. Fiscalité selon l’ancienneté du contrat

Moins de 4 ans : Les gains sont soumis à un prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) de 35% (ou option pour le barème progressif de l’IR).

Entre 4 et 8 ans : PFL de 15% (ou option pour le barème progressif de l’IR).

8 ans et plus : PFL de 7,5% (ou option pour le barème progressif de l’IR) + abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) sur les gains.

Remarque de notre experte :
Cette fiscalité est fausse ! Le principe est l’imposition au barème progressif ou, sur option, application du PFL. Et en plus, cette fiscalité ne s’applique qu’aux primes versées entre 1998 et le 26/09/2017.

3. Prélèvements sociaux

Les gains sont toujours soumis aux prélèvements sociaux de 17,2%, quel que soit l’âge du contrat.

Remarque de notre experte :
Cette réponse est très approximative car les gains sont soumis aux PS lors du rachat uniquement s’ils ne l’ont pas été avant, comme le sont par exemple les gains constatés sur les supports en euros qui sont soumis aux PS dès leur inscription en compte.

4. Régime fiscal applicable

Par défaut, la flat tax (PFU) de 30% (12,8% IR + 17,2% prélèvements sociaux) s’applique pour les contrats ouverts après le 27/09/2017.

Il est possible d’opter pour le barème progressif de l’IR si cela est plus avantageux (choix irrévocable pour l’année en cours).

Remarque de notre experte :
Mais la fiscalité a déjà été présentée au point 2 ! Le point 4 donne lui aussi une réponse erronée en ce que la fiscalité présentée s’applique non seulement aux contrat ouverts à partir du 27/09/2017 mais aussi aux primes versées à partir de cette date sur des contrats plus anciens. Il est impossible de comprendre comment articuler cette réponse avec celle présentée au point 2.

5. Cas particuliers

Exonération d’impôt sur le revenu en cas de rachat lié à un licenciement, une invalidité, une mise à la retraite anticipée ou une liquidation judiciaire, sous conditions.

Dispense du prélèvement forfaitaire obligatoire (PFO) possible pour les revenus modestes (revenu fiscal de référence < 25 000 € pour une part, 50 000 € pour un couple), sur demande avant le 30 novembre de l’année précédente.

Remarque de notre experte :
Les cas d’exonération sont justes. Par contre, la seconde information est impossible à comprendre car on ne sait pas ce qu’est ce prélèvement forfaitaire obligatoire. Il n’est pas appliqué lors de tous les rachats.

6. Calcul de l’imposition

Seule la part des gains dans le rachat est imposable. Exemple : si vous rachetez 15 000 € dont 1 200 € de gains, seuls les 1 200 € sont imposables.

Remarque de notre experte :
Précision correcte même s’il aurait été plus intéressant de savoir comment sont calculés les gains imposables.

Pourquoi l’IA se trompe ?

Ces écarts ne semblent pas surprenants. L’intelligence artificielle est entretenue à partir de données générales, extraites de diverses sources (Wikipedia ou Reddit) sans garantir la validité, la mise à jour et la prise en compte des contextes.

On a demandé à ChatGPT de ne pas inventer des informations et de donner les sources qui fondent son raisonnement. Et pourtant, l’intelligence artificielle a bien évoqué des sources crédibles, telles que Service-Public.fr, Meilleurtaux Placement et impots.gouv.fr. Mais même en s’appuyant sur ces bases de données sérieuses, les réponses étaient erronées ou incomplètes.

Plusieurs raisons expliquent cette situation. L’IA fait preuve d’une imprécision métier puisqu’elle compile des informations générales sans savoir les ajuster aux cas particuliers et aux subtilités réglementaires. Elle présente également un manque de nuance, car elle fournit des réponses globales sans vérifier si il y a des exceptions. Elle réinterprète également les sources, en combinant le contenu des sites fiables avec d’autres éléments obtenus lors de son entraînement. Ce mélange aboutit à une réponse qui peut paraître crédible mais demeure en fait éloignée de la réalité.

L’IA ne se contente pas restituer une information fiable : elle la réassemble, la réinterprète et la transforme, au risque de la modifier.

La valeur de l'expertise humaine

Il est évident à travers notre expérience que l’intelligence artificielle peut être un outil précieux, mais elle ne peut pas remplacer l’expertise humaine. Au sein de notre organisation, chaque contenu est rédigé, vérifié et approuvé par des experts métiers. Cela assure :

une conformité avec les lois en vigueur,
une pertinence adaptée aux réalités du terrain,
une sécurité pour vos décisions et vos formations.

Expériences avec l’IA

Chez ICÉDAP, nous ne comptons pas nous arrêter là. Nous allons continuer à tester d’autres intelligences artificielles sur de nouveaux sujets afin de mieux comprendre leurs capacités, leurs limites et confirmer l’importance d’un expert métier.

Et dans les prochains jours, nous mettrons à l’épreuve Mistral AI sur une question relative aux crédits immobiliers et à la consommation.

Ces tendances vous interpellent également ? Échangeons ensemble.

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